Musique (brèves pensées)

Publié le par Alexandre Neodvisni

La pratique musicale tient à la fois de la confidence, de la confession et d’une espèce de renaissance. Pour ma part je renais à chaque fois que mes doigts se posent sur le clavier. La pièce est vide, qu’importe : il y a toujours un public, venu du fond des âges,  écouter mes tentatives laborieuses pour rendre toute la beauté qu’elle mérite à une œuvre déjà mille fois jouée.

Je crois sans orgueil que je ressens la musique bien mieux que je ne la joue. Et si l’espace d’un éclair je parviens à enchaîner une phrase lumineuse, cet instant-là suffit à me rendre heureux d’avoir connu cette nouvelle journée.

C’est peut-être elle qui maintiendra cette foi en l’humanité, parfois si difficile à satisfaire.

Mes sens sont dévoyés - peut-être à jamais : je serais à même de juger qu’un texte est bien écrit, or il n’y a de beau désormais que pour elle. Il n’y a que cette onde prodigieuse qui parvienne à cheminer, et avec tant d’aisance jusqu’à mon âme et lui causer en toute félicité.

Je découvre une nouvelle partition comme l’on entreprend un aventureux voyage, avec de la joie bien sûr et quelques appréhensions, en envisageant la durée du transport et craignant à l’avance les bourrasques qu’il faudra surmonter.

Pourquoi aime-t-on jouer ? Et ne pas se contenter d’écouter de ces sons que l’on nous diffuse à volonté ? Est-ce le savoureux mélange de plaisir et de douleur inhérents à la pratique musicale ? Le mariage parfait entre l’activité soutenue du corps et celle de l’esprit ?

Le piano est là, juste à côté, il attend que je le nourrisse d’accords et de notes égrainées. Il ne juge jamais, n’exige que de la patience. Et de l’attention à jamais.

Publié dans musique

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